Jacques GROSJEAN

i je suis arrivé tard à la peinture, ce n'est pas faute d'aimer cela mais vous savez comme moi à quel point notre temps était occupé dans nos activités professionnelles. Cependant, j'ai dessiné beaucoup tout au cours de ma vie, y compris dans les meetings, en particulier lorsque les sujets manquaient d'interêt (et ce n'était pas rare !!!), dessins des orateurs ou de mes petits camarades! J'ai aussi affiné ma manière de voir avec beaucoup de visites d'expositions, de musées et de livres sur la peinture. De fait, j'ai commencé à faire quelques toiles avant la fin de ma carrière professionnelle mais cela s'est limité, à nouveau à cause d'emplois du temps chargés, à quelques tableaux par an, de mérite très limité.A mon départ d'Unisys (en 1993!  eh oui, 15 ans déjà!) j'ai fait les choses plus sérieusement.

A nouveau, j'ai beaucoup regardé et beaucoup lu sur les techniques de peinture. J'ai rejoint un atelier à Margency, piloté par un excellent peintre à qui je dois beaucoup:  Pascal NIAU (un semi professionnel car aussi chef pâtissier chez Dalloyau à Paris ...ce qui m'a permis de découvrir des macarons inoubliables!). C'est vraiment à partir de 95 que j'ai commencé à faire des choses présentables en expositions, d'abord locales, puis ensuite plus sélectives avec jurys d'admission, etc... et quelques expositions en galeries dans la région parisienne et à Royan; puis à glaner ici et là quelques récompenses.

'ai quitté la région parisienne pour celle de Montpellier (ville que je connaissais depuis près de 40 ans) et abandonné les ciels pastel d'Ile de France pour les couleurs plus vives du sud de la France. Cela m'arrangeait d'ailleurs très bien car ma palette est surtout faite de couleurs chaudes,solaires: jaunes, oranges, rouges, cuivres... et leurs variations.
 Après avoir essayé toutes les techniques et malgré l'intérêt de certaines (le pastel, par exemple), je me suis cantonné dans la peinture  à l'eau : aquarelles, et  surtout  à  l'huile dont j'aime

particulièrement le travail et l'aspect final, mat ou brillant, selon les choix. Bref, je me suis fait, non une nouvelle carrière, mais une nouvelle vie! et celle-ci est bien remplie.

ouvent l'on me demande comment on réalise un tableau, non pas techniquement, mais quelle démarche amène à celui-ci. Il est difficile de répondre à cela car il n'y a pas une démarche mais souvent plusieurs, parfois mélangées. Comme toute personne qui fait de la création, un peintre fait des gammes, plus ou moins en permanence: pour lui, l'outil majeur, c'est le carnet de croquis. J'ai bien dit "de croquis", et non pas de dessin (un dessin, c'est quelque chose de pensé, d'achevé, une fin en soi). Debout, assis, en marchant, dans le bus, à une terrasse ou dans un restaurant, on "croque" le monde autour de soi: paysages, personnes, détails d'architecture, scènes de la vie courante: marchés, cafés, musiciens, amoureux,...avec quelques indications de couleurs si l'on veut raffiner un peu (souvent après coup d'ailleurs).
 De ces scènes, réduites à l'essentiel (ce qui ne peut être le cas avec des photos), éliminant un maximum de détails (car les détails sont les ennemis du peintre et d'une bonne peinture), de la mémoire visuelle, de photos ou de tableaux analogues,

une alchimie plus ou moins inconsciente va se réaliser et transformer le réel en un tableau. Un travail de réflexion sur la composition, les couleurs, les valeurs s'opère pour arriver à anticiper ce que sera le tableau final. Il faut bien comprendre que le peintre DOIT FAIRE UN TABLEAU ET NON UNE COPIE DU RÉEL (la photo est toujours meilleure pour cela), à tirer une quintessence du sujet pour que cela ne représente pas une anecdote mais "l'âme" du sujet représenté, qu'une scène de marché par exemple ne soit pas le "marché de Romorantin" mais tous les marchés. C'est pour cela qu'en réalisant son tableau, un peintre peut être amené à choisir des couleurs qui peuvent paraitre bizarres: des ciels jaunes, roses, oranges ou verts, des ombres rouges ou violettes car elles contribuent à une harmonie générale de l'ensemble. Il est d'ailleurs à noter que le spectateur ne se rend pas toujours compte de ces bizarreries si l'ensemble est réussi et le satisfait dans sa globalité.

N

I

D